Aujourd’hui, j’ai décidé de vous faire partager des coups de gueules et des coups de cœurs de littérature, essentiellement de la SF (parfois de la Fantasy).
Comme j’en ai parlé de vive voix en juillet, j’ai « rentré » suite à une occasion une quarantaine de bouquins assez divers, que je lis doucement au fur et à mesure. Certains sont de grands classiques que je n’avais jamais eu sous la main, d’autres… mais n’anticipons pas.
Commençons par A.E. Van Vogt. La trilogie du non-A est sympa, un peu compliquée à comprendre parfois (surtout le premier, après, on s’habitue 🙂 ), mais efficace. Le suspens et les rebondissements fluidifient quelque peu le style vieillot de l’écriture. Peu de dialogues, beaucoup de descriptions d’action. Dans la Machine ultime (une histoire d’IA mégalo) et Créateur d’univers (voyages dans le temps, paradoxes tordus mais assez bien gérés finalement), le manque de souffle épique rend le style vraiment lourd, dommage. Mais je comprends pourquoi Le monde des non-A a eu un si bon accueil, puisque le style était assez usuel à l’époque et choquait moins que maintenant. Enfin, Mission Stellaire est un space’op intéressant, dont le rythme est assez halletant après un début un poil guindé. C’est aussi celui où du point de vue technologique les choses sont le mieux décrites et le moins dépassées. Certains mots ou circonvolutions utilisés restent pourtant à décrypter, comme ces tempêtes cosmiques que je trouvaient assez bizarres et dont j’ai compris assez tard qu’elles étaient le fruit de la rencontre en espace profond de nuages de matière et d’antimatière… ce que j’ai beaucoup mieux perçu…
J’ai enchaîné avec Joe Haldeman, avec Pontesprit et La guerre éternelle. Deux bouquins excellents, assez hard-science mais au style fluide. Je sens que je vais chercher d’autres livres de cet auteur. Espérons qu’il puisse s’écarter du thème guerre interstellaire et aveugle contre des extra-terrestres inconnus, même si le traitement est très différent dans le fond et la forme dans ces deux là.
Philip K.Dick est lui aussi une pointure, et avec L’homme variable, on a trois petites nouvelles sympas (la première un peu tirée par les cheveux), dont Minory Report, à l’origine du film éponyme.
Passons côté français et contemporain, les suivants sur l’étagère étaient Double Jeu et Chute Libre, de GE Ranne (que nous avons lu dans de nombreuses nouvelles d’INS/MV…)
Le style est rapide, percutant, amusant. Cela se lit vite et bien, même si çà n’a pas une haute prétention. Chute libre est l’histoire d’un ange Gabriel renégat qui pour vivre fait le détective privé à San Francisco. L’histoire est tordue à souhait, un vrai appel à scénar…
Double jeu est lui sur la côte EST d’une future Amérique. Les héros sont un couple de privés ayant un seul corps pour deux… Là aussi, pas mal d’inventivité sans tape à l’oeil. A noter que c’est le 2e d’une série…
Vînt ensuite L’aube incertaine de Roland C Wagner, lui aussi 2e d’une série. L’auteur a tenu une rubrique dans Casus des temps héroïques. Son héros, encore un privé, mais d’un Paris futur, lui, est affligé d’un pouvoir étonnant : il est non-remarquable, c’est à dire que sans être invisible, les gens ne font pas attention à lui. Pratique pour une filature, sauf quand votre pouvoir s’emballe sans possibilité de contrôle, et que plus personne ne vous remarque, que personne ne réponds à vos questions, que votre copine vous a oublié et jette vos affaires parce qu’elle ne comprends pas pourquoi elle sont là, et que mêmes les ordinateurs vous oublient, vous privant d’une existence légale, de votre argent et de votre accès au réseau… Une ambiance un peu Shadowrun curieuse mais bien menée.
Je suis passé ensuite à la série des Lance Dragon. Sautant le 1 que je n’ai pas pu récupérer, j’ai lu les 2e et 3e (sur 9) avant de capituler. Certes, certains personnages sont assez attachants, mais le style est heurté et l’ellipse promue au rang de système. Trop c’est trop ! On dirait que de peur de ne pas savoir écrire une scène d’action, les auteures les ont toutes éludées par des sauts narratifs entre des groupes de personnages séparés (il y en a fréquemment 4 ou plus…). L’effet final est désastreux (ou contraire de se qui se passe avec Raymond E. Feist (les chroniques de Krondor…) ou dans un autre style Stieg Larsson (Millenium…), le lecteur se désinvesti de l’histoire…fin de la lecture.
Après une petite pose travaux domestiques, j’ai repris avec un autre poids lourd, Jack Vance, et Cugel Saga. Je n’avais encore rien lu de lui et je mesure aujourd’hui mon erreur 🙂
Il y a parfois un peu d’esbrouffe à utiliser des noms inventés de plantes, d’animaux, sans les décrire, mais c’est frais, c’est léger, c’est rapide, et Cugel est si vif d’esprit… et en même temps, s’il était perso à Ambre, nul doute qu’ils se baladerait avec le plus mauvais karma du groupe… !
Que du plaisir !
Suite au prochain épisode…
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Nolendil
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