Un petit mot sur une auteure que je suis avec bonheur maintenant depuis 97, Loïs McMaster Bujold.
Romancière américaine (vous pourrez trouver plein de chose sur sa page wikipedia), elle a commencé par de la SF avant d’écrire du médfan.
Ses caractéristiques : des personnages travaillés, souvent assez complexes, presque toujours marqués physiquement (un nabot, un mutilé des galères, un manchot…) et/ou psychologiquement ( et une romance par roman, au moins (qui ne se conclue pas toujours, toutefois…)).
Commençons par la SF avec le cycle Vorkosigan.
Celui-ci s’étend sur une quinzaine de romans et nouvelles et passe du space-opera à l’intrigue policière mais garde, dans chaque roman, un fort caractère d’anticipation au sens que l’histoire joue avec un problème éthique ou sociétal parfois jusqu’au prétexte pour s’interroger sur la façon dont l’évolution des sciences (en particulier la biologie) peut influencer ce problème. On peut citer en vrac la procréation assistée, le clonage, l’eugénisme, les prisonniers de guerre…
Mon préféré reste sans conteste à ce jour Ekaterin, probablement le plus drôle de tous (n’est-il pas sous-titré Comédie de la biologie et des mœurs ?) mais qui ne tire tout son sel qu’après la lecture des précédents de la série.
Si Bujold n’échappe pas toujours au syndrome « regardez comme mon personnage est un génie puisque il résout génialement des embuches que j’ai moi-même créées », c’est tout de même moins marqué que Orson Scott Card par exemple, et çà se tasse sur la fin (en particulier après Memory, le plus sombre des romans). Côté style, et malgré quelques facilités de traductions dans les premiers romans, c’est rapide et dynamique, agréable à lire avec une bonne dose d’humour. Techniquement, je crois bien que Bujold a inventé une focalisation à elle toute seule (vous savez, type « narrateur omniscient » et autre truc du même genre appris à l’école) : la narration à la troisième personne suivant un et un seul personnage (ou 2 ou 3 par roulement dans les derniers romans, mais il y a une raison à cela…) avec inclusion fréquente de remarques intérieures à la première personne. Cela donne quelque chose de nouveau mais qui passe très bien.
Côté Fantasy, après un petit « One-shot » pas désagréable (L’esprit de l’anneau profane, dans une renaissance alchimique italienne), Bujold a écrit deux séries bien charpentées, chacune tirant partie d’un backgroung cohérent, en particulier d’un point de vue théologique (Cycle de Chalion) et magique (Cycle du couteau du partage).
Le cycle de Chalion propose un cadre aux accents espagnols, pourvu de la plus intéressante construction théologique que j’ai lu depuis bien longtemps. Dommage qu’elle soit un tantinet trop réduite en variété pour une application directe en jdr ! Le premier tome est le plus déroutant, permettant de découvrir le monde. Le second, qui reprend certains des personnages secondaires du premier, est plus « puissant » et fantastique (la magie sous toute ses formes y est davantage présente). Le troisième tome, largement indépendant des deux autres, est elle inspirée de l’Allemagne médiévale, on retrouve par exemple un écho du massacre de 4000 saxons par Charlemagne (dixit Wikipedia). A noter que des cartes de Chalion, Ibra et des principautés Roknari sont disponibles sur le site de Bujold, qui permettent de bien se représenter la géographie des deux premiers romans.
Le cycle des couteaux du partage exploite quant à lui une magie de type essentiel (cf RM ou la Force de SW) et explore, avec un duo maître blasé/profane curieux toutes les possibilités de la chose. De tout les romans de Bujold, ce sont probablement les plus bucoliques, et ceux au rythme le plus lent, ce qui ne veut pas dire moins prenant. A propos de la magie développée dans ce cycle, je me suis fait la remarque que cela pouvait ressembler (de loin) à la démarche d’un Isaac Asimov avec ses lois de la robotique : pondre un principe et explorer dans les différents romans toutes les applications et déviances possibles de ce même principe. Le tout avec une humanité constante, toute dans les petits détails.
Bref, si vous ne savez plus quoi lire, vous pouvez acheter les yeux fermés, tout est bon (avec quand même le soin de commencer les cycles par le début, c’est mieux…)
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Nolendil
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