En matière de fantasy, la longueur des séries n’est pas toujours en lien direct avec la qualité de l’écriture.
Avec le cycle de la Belgariade (5 tomes) suivie de celui de la Mallorée (5 tomes), plus les « souvenirs » de Belgarath le sorcier (2 tomes) et de sa fille Polgara (2 tomes), David et Leigh Eddings ont commis une histoire qui possède les deux caractéristiques et il est aisé de tomber dedans dès qu’on a lu les 100 premières pages du Pion blanc des présages, le premier opus.
Du côté des points forts, il y a une galerie de personnages truculents et hauts en couleurs, un humour certain, le sens du suspense.
La magie (en tout cas des sorciers) est bien décrite, on assiste à la venue à son pouvoir d’un sorcier de premier plan, on profite donc des descriptions de ses instructeurs. Notons tout de même qu’il existe d’autres formes de magie qui elles ne sont pas aussi bien expliquées (si les invocateurs morindiens sont correctement décrits, les pouvoirs des grolims non sorciers et de Salmissra (je pense à l’attaque dans la sylve des dryades) sont plus obscurs).
Côté un peu agaçant, une construction du monde assez figée :
– chaque peuple est un archétype à lui tout seul, avec peu de variations ;
– la carte est destinée à être parcourue en totalité : ne vous inquiétez pas, la carte du Ponant présente dans les différents tome de la Belgariade sera écumée par les personnages, quand à celle du monde dans sa totalité présente dans la Mallorée, elle aussi sera bien quadrillée.
D’un autre côté, cela n’a rien à envier à certains background de jdr un peu rapides…. et au moins l’auteur s’en explique dans Le codex de Riva, 15e tome du cycle qui reprend ses notes de travail.
Certaines faiblesses de l’écriture (sensation de reprise d’un cycle à l’autre,…) sont très astucieusement intégrées à l’intrigue, un cas d’école pour tout MJ à Ambre qui se respecte. Néanmoins, je suis peut-être mal comprenant, mais la lecture du codex de Riva m’a fait comprendre certains points restés un peu obscurs et rendant la totalité du propos très cohérent.
Mention spéciale pour la « Prophétie », incarnation d’un avenir possible à l’opposé de la balance cosmique de Moorcook, qui amène Belgarath à cette prise de position intéressante (p28 du Roi des Murgos, le deuxième tome de la Mallorée) :
— C’est bien ce qui me préoccupe, lâcha Belgarath. Cyradis nous manipule avec ses petites déclarations énigmatiques ; et, pour ce que j’en sais, elle manipule peut-être aussi Zandramas. Je n’aime pas être mené par le bout du nez, surtout par quelqu’un dont je ne comprends pas les motivations. Elle complique les choses, et je déteste les complications. J’aime les situations simples et les solutions claires.
— Le bien et le mal? risqua Durnik.
— C’est trop abstrait, Durnik. Je préfère dire eux et nous. Ça élimine le superflu et ça permet d’aller à
l’essentiel.
Je conseille donc la lecture de ce grand moment, c’est prenant et souvent très drôle car les nombreux personnages, assez simples au départ mais qui gagnent en profondeur avec les tomes ont des relations comment dire… animées, ce qui donne des dialogues assez relevés.
Les mêmes auteurs ont ensuite écrit la Trilogie des Joyaux (suivi par celle des Périls), qui a des qualités mais qui reste pour moi un cran en deçà, avec pas mal d’éléments qu’on retrouve dans les deux séries, dommage.
Ils ont ensuite récidivé avec la tétralogie des Réveurs, j’ai lu le premier qui se renouvelle davantage, mais qui ne m’a pas non plus animé de l’irrépressible besoin d’acheter la suite… on verra plus tard.
—
Nolendil
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